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L’UE sanctionne le Rwanda pour le trafic d’or congolais

Ce lundi 17 mars 2025, l’Union européenne (UE) a annoncé une série de sanctions ciblant un haut responsable rwandais du…

Ce lundi 17 mars 2025, l’Union européenne (UE) a annoncé une série de sanctions ciblant un haut responsable rwandais du secteur minier et la Gasabo Gold Refinery, la seule raffinerie d’or du Rwanda. Ces mesures visent à lutter contre le commerce illicite de l’or extrait en République démocratique du Congo (RDC), une activité qui alimente les conflits dans la région des Grands Lacs.

Gasabo Gold Refinery dans le viseur

La Gasabo Gold Refinery, opérationnelle depuis le 1ᵉʳ juin 2022, est accusée de faciliter le transit et l’exportation illégale de l’or congolais. Selon l’UE, cette raffinerie exploite l’instabilité et l’insécurité dans l’est de la RDC pour tirer profit du trafic de ressources naturelles.

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« Le transit de l’or par la Gasabo Gold Refinery favorise l’exportation illicite, via le Rwanda, de l’or extrait illégalement. Elle a donc exploité le conflit armé, l’instabilité ou l’insécurité en RDC », a justifié l’UE dans un communiqué.

Ces sanctions s’inscrivent dans une démarche plus large de l’UE pour lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, qui finance les groupes armés et aggrave la crise sécuritaire dans la région.

Francis Kamanzi, un haut responsable sanctionné

Parmi les individus ciblés figure Francis Kamanzi, directeur général du Rwanda Mines, Petroleum and Gas Board (RMB) depuis février 2024. L’UE l’accuse d’avoir facilité le commerce illégal des ressources minières congolaises, contribuant ainsi à l’instabilité dans l’est de la RDC.

« En raison de sa position de leader au sein du RMB, Francis Kamanzi est responsable d’exploiter le conflit armé, l’instabilité ou l’insécurité en RDC, notamment par l’exploitation ou le commerce illicite de ressources naturelles », a déclaré l’UE.

Un durcissement de la position européenne

Ces sanctions s’ajoutent à celles déjà imposées contre plusieurs officiers des Rwanda Defence Force (RDF) et des responsables du mouvement rebelle M23, accusés de jouer un rôle clé dans le pillage des ressources congolaises.

Cette décision marque une escalade dans la pression diplomatique exercée par Bruxelles sur Kigali, alors que les tensions entre la RDC et le Rwanda restent vives. Elle renforce également les appels à une meilleure traçabilité des minerais et à des mesures de régulation plus strictes pour empêcher le financement des groupes armés par l’exploitation illégale des ressources naturelles.

Impact sur les relations internationales

Les sanctions de l’UE pourraient avoir des répercussions significatives sur le commerce rwandais des ressources minières et sur les relations entre Kigali et ses partenaires occidentaux. Le Parlement européen a déjà demandé à la Commission européenne d’interdire l’importation de minerais rwandais et de suspendre le mémorandum d’entente entre le Rwanda et l’UE sur les matières premières.

Liste des personnalités et entités sanctionnées

Les sanctions européennes visent également plusieurs autres individus et entités impliqués dans l’instabilité régionale :

  • Bertrand Bisimwa : Coordonnateur adjoint de l’AFC/M23.
  • Ruzi Karusisi : Ancien commandant des forces spéciales rwandaises.
  • Désire Rukomera : Chargé du recrutement et de la propagande pour le M23.
  • John Imani Nzenze : Responsable du renseignement au sein du M23.
  • Eugène Nkubito : Commandant de la 3ᵉ division des RDF.
  • Pascal Muhizi : Commandant de la 2ᵉ division des RDF.
  • Jean Bosco Nzabonimpa : Responsable des finances du M23.
  • Joseph Musanga (Bahati Erasto) : Gouverneur M23 au Nord-Kivu.

Une étape vers la paix ?

Ces sanctions représentent une étape significative dans la lutte contre les acteurs responsables de l’instabilité dans la région. Elles envoient un message clair sur la nécessité d’une action concertée pour rétablir la paix et la sécurité.

Cependant, leur impact réel dépendra de la manière dont elles seront mises en œuvre et de la réponse du gouvernement rwandais. Une chose est sûre : l’UE a montré qu’elle est prête à durcir le ton pour protéger les ressources naturelles de la RDC et promouvoir la stabilité dans les Grands Lacs.

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