Kinshasa, 23 avril 2025 – La tension monte autour de l’affaire du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. La Cour constitutionnelle a décidé de juger par défaut trois prévenus : Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre, Christophe Grobler, homme d’affaires sud-africain, et Deogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale.
Absents à l’audience, les trois hommes n’ont pas convaincu la Cour. Le certificat médical de Grobler a été rejeté, car il manquait la signature obligatoire de trois médecins. Concernant Matata Ponyo, la Cour a estimé qu’aucune décision formelle de l’Assemblée nationale n’empêchait sa comparution. « Les députés peuvent parler, mais seule l’institution peut statuer. Or, aucune décision n’a été prise », a rappelé la Cour, invoquant l’article 151 de la Constitution sur l’indépendance du pouvoir judiciaire.
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Immunité contestée, institutions en duel
Le 17 avril, Matata Ponyo a pris la parole lors d’une plénière pour dénoncer des poursuites jugées inconstitutionnelles. Il affirme que ses droits de parlementaire ont été bafoués. Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a appuyé cette position. Il a demandé à la Cour de suivre la procédure en adressant une demande officielle de levée d’immunité.
L’affaire Bukanga Lonzo ne date pas d’hier. En 2021, la Cour constitutionnelle s’était déclarée incompétente. Mais la Cour de cassation lui a renvoyé le dossier. Aujourd’hui, le procès reprend avec des enjeux politiques majeurs.
Dans une lettre adressée à la Cour le 21 avril, Matata Ponyo a rappelé que l’Assemblée nationale considère les poursuites comme illégales. Il exige le respect de la Constitution et du règlement intérieur.
Derrière ce procès, c’est un duel entre deux piliers de l’État congolais qui se joue : une justice déterminée à juger, face à un député qui brandit ses droits. Le verdict dépassera sans doute les seules questions juridiques.