Ce vendredi 8 novembre 2024, les États Généraux de la Justice en République Démocratique du Congo ont pris une tournure inattendue lorsque Firmin Mvonde Mambu, procureur général près la Cour de cassation, a exprimé ses préoccupations sur l’ingérence du ministre de la Justice dans le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Au cours de son intervention sur le thème « Le pouvoir judiciaire, concepts et controverses en RDC », Mvonde a plaidé pour une séparation plus claire des pouvoirs, estimant que seul le chef de l’État devrait siéger au sein du CSM, et non le ministre de la Justice.
Mvonde a affirmé que la place du chef de l’État est légitime au sein du CSM, car il est le seul à avoir le pouvoir de nomination et de révocation des magistrats. Selon lui, les compétences doivent être respectées afin de préserver l’indépendance du parquet. « Le chef des magistrats du parquet reste le procureur général près la Cour de cassation », a-t-il martelé, soulignant que si le ministre de la Justice dispose d’un droit d’injonction, ce dernier ne devrait pas interférer dans le déroulement des enquêtes judiciaires.
Dans un contexte de vives tensions entre les acteurs de la justice, Mvonde et le ministre de la Justice Constant Mutamba travaillent actuellement à harmoniser un cadre de concertation pour clarifier les rôles et limiter les conflits d’autorité. Lors de l’événement, un autre intervenant, le professeur Mwene Songa, a même comparé l’état de la justice congolaise à un patient décédé : « On ne fait pas l’autopsie d’un malade. La justice est morte, faut-il la ressusciter ? ».
Cette prise de position forte du PG Mvonde, qui accuse de manière voilée le ministre de la Justice de s’immiscer dans les affaires judiciaires, met en lumière les tensions persistantes au sein de l’appareil judiciaire congolais. Alors que les États Généraux de la Justice poursuivent leurs travaux, de nombreux observateurs attendent des réformes profondes pour redonner vie à un système judiciaire largement critiqué.