Kagame durcit le ton face aux menaces extérieures malgré l’appel au cessez-le-feu

Dans un discours prononcé dimanche 16 mars, le président rwandais Paul Kagame a réaffirmé avec fermeté sa détermination à protéger…

Dans un discours prononcé dimanche 16 mars, le président rwandais Paul Kagame a réaffirmé avec fermeté sa détermination à protéger le Rwanda contre ce qu’il qualifie de « menaces existentielles ». Ces déclarations interviennent alors que l’Angola, sous l’égide de l’Union Africaine, appelle à un cessez-le-feu immédiat dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).

« Il n’y a rien de pire que la tragédie à laquelle nous avons survécu. C’est pourquoi nous ne devons pas avoir peur de parler, de nous battre pour nous-mêmes et contre ceux qui veulent nous anéantir », a déclaré Kagame lors d’une rencontre citoyenne dans le cadre du programme « Kwegera Abaturage » (Se rapprocher des citoyens). Ces propos, empreints de références au génocide de 1994, soulignent la position intransigeante du Rwanda face aux tensions régionales.

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Un cessez-le-feu ignoré ?

Le même jour, le président angolais João Lourenço, président en exercice de l’Union Africaine, a lancé un appel pressant à toutes les parties impliquées dans le conflit à l’est de la RDC pour cesser les hostilités à partir de minuit. Cet appel vise à créer un climat propice à des négociations de paix entre Kinshasa et le mouvement rebelle M23, prévues à Luanda.

Pourtant, malgré cet appel, les déclarations offensives se multiplient. À Kinshasa, le vice-Premier ministre et ministre de la Défense, Guy Kabombo Muadianvita, a affirmé : « Si nous avons une armée forte, aucun pays voisin ne va oser nous défier. » Une déclaration perçue comme une mise en garde à l’égard du Rwanda.

Une rhétorique belliqueuse

Du côté rwandais, le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a défendu la position de son pays lors d’une interview à la RTBF. « Il est normal que le Rwanda déploie des mesures pour protéger notre population », a-t-il déclaré, qualifiant la situation de « menace permanente depuis 30 ans ». Il a également rejeté les accusations d’implication rwandaise dans l’est de la RDC, affirmant que « le M23 est un mouvement congolais » et que « le Rwanda ne prend pas de territoire à l’est de la RDC ».

Une médiation sous tension

L’initiative diplomatique angolaise survient dans un contexte marqué par l’annonce de la fin du mandat de la mission militaire de la SADC en RDC (SAMIDRC) et le retrait progressif de ses troupes. Cette décision, prise lors d’un sommet extraordinaire à Harare le 13 mars, ajoute une couche de complexité aux efforts de médiation.

Alors que les tensions verbales entre Kinshasa et Kigali s’intensifient, les craintes d’une escalade militaire grandissent. Le conflit dans l’est de la RDC a déjà provoqué des milliers de victimes et le déplacement de millions de personnes, faisant de cette crise l’une des plus graves en Afrique.

Dans ce climat tendu, la médiation angolaise tente de ramener les parties à la table des négociations. Mais avec des déclarations aussi fermes de part et d’autre, l’espoir d’une résolution pacifique semble s’éloigner, laissant planer l’ombre d’une nouvelle impasse dans la région des Grands Lacs.

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