L’UE divisée sur les sanctions contre le Rwanda, le Luxembourg bloque une deuxième vague

Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), réunis depuis lundi 24 février à Bruxelles, ont abordé la…

Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), réunis depuis lundi 24 février à Bruxelles, ont abordé la situation explosive dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Au cœur des discussions : le rôle du Rwanda dans le soutien au groupe rebelle M23 et les mesures à prendre pour faire pression sur Kigali. Si une première salve de sanctions a été adoptée, une deuxième vague a été bloquée par un veto du Luxembourg, créant des tensions au sein de l’UE.

Une première salve de sanctions symbolique

Les Européens ont décidé de suspendre le dialogue politique en matière de sécurité et de défense avec le Rwanda, un geste qualifié de « signal politique fort ». Cette mesure vise à mettre le Rwanda face à ses responsabilités dans le conflit qui ravage les provinces du Kivu, en RDC, où le groupe rebelle M23, soutenu par Kigali selon plusieurs rapports, continue de semer la violence.

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



Cependant, une deuxième vague de sanctions, qui ciblait une entité rwandaise et neuf responsables des violences dans les Kivus, n’a pas été adoptée. Cette décision nécessitant l’unanimité des États membres, le Luxembourg a opposé son veto, suscitant des réactions contrastées.

Le Luxembourg privilégie la diplomatie

Le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Xavier Bettel, a justifié cette pause dans les sanctions par la nécessité de donner une chance aux négociations en cours.

« Je pense qu’il est important, avant de vouloir prendre des sanctions contre le Rwanda, d’attendre les résultats des prochains jours pour voir si on va dans la bonne direction », a-t-il déclaré.

Une réunion ministérielle conjointe entre la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) est prévue le 28 février. Pour Bettel, il est crucial de laisser une opportunité à ces discussions avant d’enclencher de nouvelles sanctions. « Si vendredi aucun effort n’est fait, des sanctions seront prises à l’encontre du Rwanda », a-t-il ajouté, estimant que cette approche pourrait accélérer les progrès diplomatiques.

Des divisions au sein de l’UE

La position du Luxembourg a été fraîchement accueillie par certains États membres, qui plaident pour des sanctions immédiates. Ces derniers estiment que l’UE dispose d’autres leviers pour faire pression sur le Rwanda, notamment la suspension de l’accord sur les matières premières critiques, un secteur clé pour l’économie rwandaise.

Les partisans des sanctions immédiates craignent que le report des mesures n’affaiblisse la crédibilité de l’UE et n’encourage le Rwanda à poursuivre son soutien au M23.

« Si on prend des sanctions aujourd’hui, quel est le risque ? C’est que les parties ne se sentent pas motivées à faire des efforts nécessaires », a répliqué Bettel, défendant une approche plus nuancée.

Un équilibre délicat entre pression et diplomatie

Alors que la crise dans l’est de la RDC continue de s’aggraver, l’UE se trouve face à un dilemme complexe : comment concilier pression politique et ouverture à la diplomatie ? La première salve de sanctions, bien que symbolique, envoie un message clair à Kigali. Toutefois, le veto du Luxembourg montre que les États membres ne sont pas unanimes sur la stratégie à adopter.

La réunion du 28 février entre la SADC et l’EAC sera un test crucial pour évaluer la volonté des parties prenantes de trouver une solution pacifique. En attendant, l’UE reste sous pression pour maintenir son rôle de médiateur tout en faisant preuve de fermeté face aux violations des droits de l’homme et aux ingérences régionales.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP