RDC : l’ONU fait un constat amer sur l’état de la violence

Le groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo vient de remettre un nouveau rapport sur l’état de la violence en République démocratique du Congo.

 

Le rapport des experts de l’ONU révèle que l’apparition d’épisodes de violences intenses dans plusieurs provinces. Tout d’abord dans l’Ouest du pays, le conflit intercommunautaire déclenché mi-2022 a fait des centaines de morts, détruit des centaines de villages et infrastructures, notamment des écoles et des établissements médicaux. Ce conflit s’est étendu géographiquement et ethniquement selon le rapport.

Les experts de l’ONU réaffirment le soutien du Rwanda aux rebelles du M23. Car le Nord-Kivu (Est) reste l’épicentre des violences, notamment avec le conflit entre l’armée et le M23 qui a repris. Ils attestent aussi que toutes les parties ont violé le cessez-le-feu. Le rapport pointe à nouveau le soutien du Rwanda aux rebelles, avec des photos, vidéos et témoignages prouvant l’implication de Kigali, dont les militaires interviennent directement ou soutiennent le M23 en hommes et matériel.

Dans la province de l’Ituri, les dialogues intercommunautaires visant à freiner la violence endémique ont échoué.  L’armée congolaise a renforcé son utilisation de groupes armés comme les FDLR, les milices Wazalendo (« vrais patriotes ») mais aussi des soldats burundais : plus d’un millier de membres des FDNB seraient déployés sur la route Sake-Kitchanga depuis début octobre. Et ce en uniformes congolais, indiquent les enquêteurs.

Les FARDC s’appuient aussi sur des compagnies militaires privées, comme Agemira RDC et Congo Protection, qui selon le rapport, ont intensifié leurs soutiens tactique et stratégique. Elles supervisent parfois des frappes, transportent des troupes ou protègent des infrastructures.

Et surtout, le rapport pointe leurs sources de financement montrant que l’interdiction minière imposée par la RDC n’a pas été respectée, et que l’exploitation de contrebande en or a profité à certains de ces groupes.

Ce phénomène de violence en expansion constaté par les experts onusiens était justement à l’origine de l’inquiétude des membres du Conseil de sécurité de l’ONU, lorsque le retrait de la mission de l’ONU en RDC (Monusco) avait été acté, il y a dix jours : ils venaient de lire le rapport des experts.

Dans cette tendance inquiétante, les civils sont les premiers à en subir les conséquences.

Source : RFI

RCA : des experts de l’ONU s’inquiètent du rôle des paramilitaires russes

Les agents privés de Moscou, qui opèrent aux côtés des forces gouvernementales centrafricaines, sont accusés de multiples exactions.

 

Un groupe d’experts des Nations unies s’est alarmé de l’augmentation du recrutement et de l’utilisation, par le gouvernement de la République centrafricaine (RCA), d’entreprises militaires et de sécurité privées étrangères. En cause notamment de possibles exactions dans le cadre d’une mission totalement opaque.

Mercenaires, agents privés, instructeurs… Les noms changent pour désigner les paramilitaires russes en mission en Centrafrique. Ils sont dans le pays à la demande du pouvoir et leur mission vise officiellement à former les forces armées centrafricaines. Mais depuis plusieurs semaines, des rapports dénoncent de graves violations des droits de l’Homme imputables aux sociétés militaires privées russes lors d’opérations conjointes avec des soldats centrafricains.

« Des informations font état d’exécutions sommaires massives, de détentions arbitraires, de torture pendant les interrogatoires, de disparitions forcées… », souligne un groupe d’experts de l’ONU dans un communiqué

Ces exactions auraient eu lieu ces derniers mois dans le cadre d’une contre-offensive visant à sauver le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra. Les forces gouvernementales, assistées par leurs alliés rwandais et russes, ont réussi à repousser l’avancée des rebelles et libérer la plupart des villes occupées en décembre par les groupes armés qui contrôlent déjà les deux-tiers du pays.

Mais les conditions d’intervention et le rôle exact des agents russes ne sont pas clairement définis.

Si les rapports étudiés par le groupe d’experts de l’ONU ne laissent aucun doute sur de graves violations des droits humains, il est très difficile d’en établir les responsabilités. Le groupe de travail sur les mercenaires déplore le manque de cadre, l’absence d’enquêtes et se dit profondément préoccupé par le mélange des genres entre les opérations civiles, militaires et celles de maintien de la paix.

« Les liens étroits entre les différents acteurs, ainsi que le manque de transparence, compromettent encore plus les chances de mener une enquête impartiale », un groupe d’experts de l’ONU dans un communiqué

Les experts indépendants demandent la clarification du rôle des partenaires internationaux, ce qui permettrait de rendre des comptes. Ils mettent en garde contre « les contacts étroits » entre les personnels des sociétés militaires privées russes, notamment ceux du groupe Wagner, et les forces de l’ONU, dont les tâches sont définies par un mandat international.

Dans un communiqué diffusé par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme à Genève, les experts font état de réunions coordonnées en présence de « conseillers russes » et d’évacuations médicales de « formateurs russes » blessés vers les bases de la Minusca.

Près de 12 000 casques bleus de la force de maintien de la paix de la Mission de l’ONU en Centrafrique sont présents dans le pays depuis 2014, notamment pour protéger les civils, éviter les abus et lutter contre l’impunité.