Ce lundi 7 avril 2025, Kinshasa a vécu un événement rare mais symbolique : le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de la République démocratique du Congo a enfin tenu sa première assemblée générale ordinaire depuis sa création en 2008. Jusqu’à présent, seules des sessions extraordinaires étaient organisées, parfois espacées de cinq années.
Installée à la Cour de cassation dans la commune huppée de Gombe, cette session marque un retour aux exigences légales et une volonté politique d’instaurer une régularité dans la gouvernance de la justice.
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Tshisekedi aux magistrats : « Assez de complaisance ! »
Félix Tshisekedi, présent à l’ouverture, n’a pas mâché ses mots. Dans un discours ferme, le chef de l’État a appelé les magistrats à rendre une justice intègre, sans céder aux pressions ni aux intérêts privés.
« L’indépendance du pouvoir judiciaire est non négociable. Ce n’est pas un privilège, c’est un devoir envers la République. »
Un rappel cinglant pour une institution souvent critiquée pour sa lenteur, sa politisation et ses dérives.
Corruption, impunité : le Conseil tape du poing sur la table
Le président du CSM, Dieudonné Kamuleta, a lui aussi frappé fort. Dans son intervention, il a dévoilé que 19 magistrats ont été sanctionnés ces derniers mois. En parallèle, 113 dossiers disciplinaires sont actuellement en cours d’examen.
« Le Conseil supérieur de la magistrature ne doit pas devenir un sanctuaire d’intouchables. Il doit montrer l’exemple », a-t-il déclaré.
L’instance entend désormais assainir les rangs de la justice avec plus de transparence et de rigueur.
Une justice plus proche du peuple
Kamuleta a également insisté sur un point crucial : rendre la justice plus accessible aux citoyens, notamment dans les zones rurales. Il a exhorté la commission chargée des carrières et de la discipline à travailler avec méthode et équité, pour restaurer la confiance du peuple congolais.
Cette volonté d’ouverture et de proximité vient répondre à une demande de plus en plus forte : une justice au service des citoyens, et non des puissants.
Kinshasa sous l’eau, l’État réagit
Alors que les magistrats étaient réunis, Kinshasa se remettait difficilement des pluies torrentielles qui se sont abattues durant le week-end. Des dizaines de familles ont été touchées, parfois dévastées.
Le Président Tshisekedi a annoncé la convocation d’une réunion de crise avec les autorités provinciales et les membres du gouvernement pour organiser une réponse d’urgence. Il a promis des mesures concrètes pour soulager les sinistrés et prévenir de futures catastrophes.